Monsieur le ministre,
La saignée. 1 école sur 3 touchée. L’équivalent de 3 collèges et un lycée qui ferment. Le nombre de suppressions de postes à Paris annoncé par le ministère de l’éducation nationale pour la rentrée 2023 est brutal : 155 postes dans le primaire, 182 dans le secondaire. Du jamais vu.
Votre ministère a décidé de frapper fort avec la suppression de 1.117 postes sur toute la France. Et le coup est particulièrement rude à Paris. Sous prétexte de baisse démographique, il s’agirait de s’aligner sur les autres territoires, mais toujours vers le bas.
Ces suppressions de postes d’enseignant.es sont insupportables en général car il faudrait structurellement baisser le nombre d’élèves par classe. Elles le sont d’autant plus cette année.
Nous savons que la crise du Covid a laissé des traces profondes chez les élèves, exacerbant les difficultés scolaires et les décrochages, et nécessitant une présence accrue de professeur.es auprès des élèves.
Nous savons que les conditions d’apprentissage sont nettement favorisées par la diminution du nombre d’élèves par classe, et que la France est en queue de peloton en Europe sur le sujet. Ces fermetures massives vont aggraver la situation. De nombreuses classes, notamment en maternelle, se retrouveraient à 27, 28 élèves, bien loin des promesses d’Emmanuel Macron de plafonner à 24 le nombre d’élèves par classe.
Nous savons aussi que ces fermetures vont dégrader encore un peu plus des conditions de travail déjà difficiles, alors que le rectorat peine à recruter de nouveaux enseignant.es, recourant aux « job-dating ».
Nous savons aussi que Paris est l’académie la plus ségrégée de France, largement du fait de la présence massive d’établissements privés. Lutter pour la mixité sociale, supposerait d’investir dans le public et dans les postes. A rebours des faveurs faites au privé, comme l’a révélé l’enquête récente sur les dotations des lycées généraux.
Nous savons enfin que la région Ile-de-France a décidé autoritairement de fermer 7 sites de lycées essentiellement professionnels à Paris, affaiblissant les formations publiques et fragilisant les élèves de ces filières.
Ces nouvelles fermetures pour la rentrée 2023 sont la goutte d’eau qui fait déborder la colère.
Monsieur Ndiaye, vous devez annuler les suppressions de postes dans l’éducation nationale. La baisse de la démographie doit être saisie comme une opportunité pour baisser structurellement le nombre d’élèves par classe. L’État devrait à l’inverse recruter des enseignant.es supplémentaire pour couvrir les besoins en remplacements, maitres spécialisés et réseaux Rased. Pour répondre aux fragilités de l’éducation nationale et aux dégâts du Covid, renforcer le service public par plus de présence humaine est une urgence.
Premiers signataires :
CGT Éducation, FCPE, FSU, Unsa Éducation Paris, Jean-Noël Aqua (conseiller de Paris), Rodrigo Arenas (député de Paris), Nicolas Bonnet (conseiller de Paris), Anne Baudonne (adjointe au maire du 20e en charge des affaires scolaires), Vincent Boulet (adjoint au Maire du 13e en charge de l’éducation second degré), Aymeric Caron (député de Paris), Sophia Chikirou (députée de Paris), Pierre Laurent (sénateur de Paris), Sarah Legrain (députée de Paris), Céline Malaisé (conseillère régionale), Nathalie Maquoi (conseillère de Paris), Danièle Obono (députée de Paris), Carine Petit (maire du 14e arrondissement), Emmanuelle Pietre- Marle (maire du 12e arrondissement), Éric Pliez (maire du 20e arrondissement), Christophe Prudhomme (conseiller régional), Raphaël Nouch (conseiller régional), Raphaëtle Rémy- Leleu (conseillère de Paris), Sandrine Rousseau(députée de Paris), Eva Sas(députée de Paris), Danielle Simonnet (députée de Paris), Laurent Sorel (conseiller de Paris).