Sarah Legrain

Revalorisation de l’acte médical d’orthophoniste (AMO)

Mme la dépu­té Sarah Legrain attire l’attention de M. le ministre de la San­té et de la Pré­ven­tion sur la néces­saire reva­lo­ri­sa­tion de l’acte médi­cal d’orthophoniste (AMO). Ces pro­fes­sion­nels diplô­més d’un mas­ter apportent leur exper­tise pour l’é­va­lua­tion et la réédu­ca­tion des troubles de la com­mu­ni­ca­tion, du lan­gage, de la déglu­ti­tion à tous les âges de la vie dans des situa­tions aus­si variées que le han­di­cap, les enfants pré­ma­tu­rés, la fin de vie, les trau­ma­tismes crâ­nio-céré­braux, les can­cers de la sphère ORL ou les tumeurs cérébrales. 

Leur rôle est essen­tiel. Or dans la qua­si-tota­li­té des bas­sins de vie fran­çais, un dés­équi­libre impor­tant entre l’offre et la demande de soins entraîne une embo­li­sa­tion des cabi­nets d’orthophonie. Ain­si, c’est la double peine pour les usa­gers : les listes d’attentes peuvent durer des mois voire des années et les patients peuvent voir leur trouble s’aggraver pen­dant cette période. Il y a urgence à reva­lo­ri­ser la pro­fes­sion, afin d’endiguer sa déser­tion dans nos territoires.

Les ortho­pho­nistes sont les pro­fes­sion­nels de san­té – ou plu­tôt pro­fes­sion­nelles car ce sont en très grande majo­ri­té des femmes – aux reve­nus moyens les plus bas. Elles sont aujourd’­hui tou­chées de plein fouet par l’in­fla­tion. En effet, la grille des ortho­pho­nistes est iden­tique à celle de tous les réédu­ca­teurs sans dis­tinc­tion de niveau de diplôme (de bac+3 à bac+5), ain­si que des ani­ma­teurs socio-édu­ca­tifs, assis­tantes sociales, ou encore édu­ca­teurs spé­cia­li­sés, de niveau de diplôme bac+3. A titre de com­pa­rai­son, les psy­cho­logues, diplô­més bac+5 comme les ortho­pho­nistes, ont une grille com­men­çant au coef­fi­cient 800 (soit 3000,16 € brut), jusqu’à 1024 (3860,48 €). Les ortho­pho­nistes des éta­blis­se­ments rele­vant de cette conven­tion natio­nale voient, quant à elles, leur salaire brut débu­ter à l’indice 487, puis aug­men­ter régu­liè­re­ment d’une « prime d’ancienneté » de 1 % chaque année jusqu’à pla­fon­ner à 30 ans d’ancienneté. Ain­si, le salaire net à hau­teur de 2000 € n’est atteint qu’au 9e éche­lon, c’est-à-dire à par­tir de 17 ans de carrière. 

Des négo­cia­tions conven­tion­nelles ont lieu tous les 5 ans et donnent lieu à la signa­ture d’avenants entre l’Assurance Mala­die et la Fédé­ra­tion natio­nale des ortho­pho­nistes. L’AMO, “lettre clé” qui défi­nit tous les tarifs des actes, est gelée depuis 2012 et stagne à 2,50€. Or si elle avait sui­vi l’inflation, elle devrait se situer aujourd’hui à plus de 3,20€. Il fau­drait donc une aug­men­ta­tion de 28% de l’AMO pour rat­tra­per la perte de pou­voir d’achat des ortho­pho­nistes obser­vée ces 20 der­nières années. Alors même que la pro­fes­sion milite acti­ve­ment pour une reva­lo­ri­sa­tion des hono­raires par le biais de l’AMO, les dif­fé­rentes lettres de cadrage minis­té­rielles n’ont pas auto­ri­sé cette augmentation.

C’est pour­quoi Mme la dépu­tée sou­hai­te­rait connaître la posi­tion du gou­ver­ne­ment sur la reva­lo­ri­sa­tion de l’AMO. En cas d’opposition à une telle mesure pour la pré­ser­va­tion et le ren­for­ce­ment de l’at­trac­ti­vi­té de la pro­fes­sion, Mme Sarah Legrain juge­rait utile de connaître les jus­ti­fi­ca­tions de M. le ministre. Sur quels élé­ments ration­nels pour­rait bien repo­ser ce refus ? En cette jour­née du 8 mars, Mme la Dépu­tée tient à sou­li­gner que cette déva­lo­ri­sa­tion d’une pro­fes­sion essen­tielle et qua­li­fiée est emblé­ma­tique d’un mépris inac­cep­table pour les métiers du soin féminisés. 

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