« Je déprime moins en simulant l’orgasme qu’en simulant ma retraite », ai-je lu sur une pancarte. M. le Ministre, les femmes sont dans la rue, décidées à vous faire reculer.
Au lieu de leur mentir, vous devriez les entendre. Car quand elles s’en mêlent, le pouvoir tremble.
Retrouvez ma question à Oliver Dussopt :
M. le Ministre, hier il y avait du monde dans la rue contre votre réforme. Vous savez, presque 3 millions.
Et parmi eux, j’ai vu une femme avec cette pancarte : “Je déprime moins en simulant l’orgasme qu’en simulant ma retraite.”
Pourquoi donc cette femme est elle si déprimée de simuler sa retraite ?
Peut-être que, comme la moyenne des femmes, elle touche une pension située sous le seuil de pauvreté et inférieure de 40 % à celle de son voisin masculin ?
Ou alors peut-être que comme 1 femme sur 5 elle devra travailler jusqu’à 67 ans pour ne pas subir la décote ?
Ou encore peut-être qu’elle exerce l’un de ces trop nombreux métiers féminisés, dont la pénibilité n’est pas reconnue ? Par exemple auxiliaire de vie, qui porte des courses et des personnes à longueur de journée sans que cela soit considéré comme une charge lourde.
Peut-être subit-elle un temps partiel, faute de solution de garde d’enfant ?
M. le Ministre, cette réalité vécue par les femmes est déjà fort déprimante et vous réussissez l’exploit de l’aggraver encore avec votre réforme.
Avec votre réforme, l’augmentation de la durée de travail sera deux fois plus forte pour les femmes que pour les hommes. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est votre étude d’impact.
Alors je vous entends ici vous réjouir que leurs pensions vont augmenter un peu. J’ai envie de vous dire c’est franchement la moindre des choses en devant travailler plus.
Et surtout, par pitié, n’ayez pas l’indécence de nous répondre encore “minimum contributif à 1 200 € brut” ou encore “prise en compte de la maternité”.
Car on a bien compris que votre minimum contributif à 1 200 € brut leur passera sous le nez aux femmes, puisqu’il est conditionné à des carrières complètes qu’elles n’ont pas. On est aussi assez intelligentes, voyez-vous, pour voir que nos trimestres acquis lors de la naissance de nos enfants partiront en fumée avec le report de l’âge légal.
Bref, Elisabeth Borne ment quand elle dit que les femmes seront les grandes gagnantes.
Vous venez de mentir de nouveau en disant que cette réforme avantage les femmes.
En vérité, M. le ministre, c’est qu’avec votre réforme tout le monde est perdant et que les femmes sont les grandes perdantes.
Dans un timide élan de sincérité, votre collègue le ministre Riester l’a reconnu : les femmes “sont un peu pénalisées par le report de l’âge légal “. Pour répondre à la litote par la litote, je vous dis qu’elles sont “un peu” déterminées à ne pas laisser passer cette réforme injuste.
Elles se mettent en grève quoi qu’il leur en coûte et elles descendent dans la rue bien décidées à vous faire reculer. Et je crois que vous feriez mieux de les entendre, car l’Histoire le montre : quand les femmes s’en mêlent, le pouvoir tremble.