Sarah Legrain

L’Histoire le dit : quand les femmes s’en mêlent, le pouvoir tremble - Dussopt
Publié le 1 février 2023
1 février 2023

L’Histoire le dit : quand les femmes s’en mêlent, le pouvoir tremble

« Je déprime moins en simu­lant l’orgasme qu’en simu­lant ma retraite », ai-je lu sur une pan­carte. M. le Ministre, les femmes sont dans la rue, déci­dées à vous faire reculer.

Au lieu de leur men­tir, vous devriez les entendre. Car quand elles s’en mêlent, le pou­voir tremble.

Retrou­vez ma ques­tion à Oli­ver Dussopt :

 

M. le Ministre, hier il y avait du monde dans la rue contre votre réforme. Vous savez, presque 3 millions.

Et par­mi eux, j’ai vu une femme avec cette pan­carte : “Je déprime moins en simu­lant l’or­gasme qu’en simu­lant ma retraite.”

Pour­quoi donc cette femme est elle si dépri­mée de simu­ler sa retraite ?

Peut-être que, comme la moyenne des femmes, elle touche une pen­sion située sous le seuil de pau­vre­té et infé­rieure de 40 % à celle de son voi­sin masculin ?

Ou alors peut-être que comme 1 femme sur 5 elle devra tra­vailler jus­qu’à 67 ans pour ne pas subir la décote ?

Ou encore peut-être qu’elle exerce l’un de ces trop nom­breux métiers fémi­ni­sés, dont la péni­bi­li­té n’est pas recon­nue ? Par exemple auxi­liaire de vie, qui porte des courses et des per­sonnes à lon­gueur de jour­née sans que cela soit consi­dé­ré comme une charge lourde.

Peut-être subit-elle un temps par­tiel, faute de solu­tion de garde d’enfant ?

M. le Ministre, cette réa­li­té vécue par les femmes est déjà fort dépri­mante et vous réus­sis­sez l’ex­ploit de l’ag­gra­ver encore avec votre réforme.

Avec votre réforme, l’aug­men­ta­tion de la durée de tra­vail sera deux fois plus forte pour les femmes que pour les hommes. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est votre étude d’impact.

Alors je vous entends ici vous réjouir que leurs pen­sions vont aug­men­ter un peu. J’ai envie de vous dire c’est fran­che­ment la moindre des choses en devant tra­vailler plus.

Et sur­tout, par pitié, n’ayez pas l’in­dé­cence de nous répondre encore “mini­mum contri­bu­tif à 1 200 € brut” ou encore “prise en compte de la maternité”.

Car on a bien com­pris que votre mini­mum contri­bu­tif à 1 200 € brut leur pas­se­ra sous le nez aux femmes, puis­qu’il est condi­tion­né à des car­rières com­plètes qu’elles n’ont pas. On est aus­si assez intel­li­gentes, voyez-vous, pour voir que nos tri­mestres acquis lors de la nais­sance de nos enfants par­ti­ront en fumée avec le report de l’âge légal.

Bref, Eli­sa­beth Borne ment quand elle dit que les femmes seront les grandes gagnantes.

Vous venez de men­tir de nou­veau en disant que cette réforme avan­tage les femmes.

En véri­té, M. le ministre, c’est qu’a­vec votre réforme tout le monde est per­dant et que les femmes sont les grandes perdantes.

Dans un timide élan de sin­cé­ri­té, votre col­lègue le ministre Ries­ter l’a recon­nu : les femmes “sont un peu péna­li­sées par le report de l’âge légal “. Pour répondre à la litote par la litote, je vous dis qu’elles sont  “un peu” déter­mi­nées à ne pas lais­ser pas­ser cette réforme injuste.

Elles se mettent en grève quoi qu’il leur en coûte et elles des­cendent dans la rue bien déci­dées à vous faire recu­ler. Et je crois que vous feriez mieux de les entendre, car l’His­toire le montre : quand les femmes s’en mêlent, le pou­voir tremble.

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