Mme Sarah Legrain attire l’attention de Monsieur le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer sur la tentative de féminicide commise par Marvin J.
Mme Sarah Legrain attire l’attention de Monsieur le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer sur la tentative de féminicide commise par Marvin J le 13 décembre 2022 sur son ex-compagne Chloé, à Blois (Loir-et-Cher). L’IGPN a été saisie car, une heure avant l’agression, le commissariat de Blois a refusé de prendre la plainte de la jeune femme. Depuis, celle-ci a été placée dans le coma à l’hôpital de Tours et souffre de « lésions hémorragiques cérébrales majeures ».
Ce drame aurait pourtant pu être évité. Non seulement le commissariat a refusé de prendre la plainte pour harcèlement et strangulations. Le Parisien du 26 janvier dernier révèle que le major de police qui avait reçu la jeune femme le 13 décembre lui avait demandé de revenir le lendemain. Son excuse : il ne pouvait rien faire en l’absence de traces de coups et se trouvait débordé car une autre personne attendait devant Chloé dans la salle d’attente pour porter plainte pour vol. En réalité, il n’y avait pas d’affluence particulière ce jour-là au commissariat, comme l’agent le reconnaîtra lui-même devant l’IGPN. L’enquête interne a établi que ce major, qui ne terminait son service qu’une heure plus tard, a pour habitude de renvoyer toute personne se présentant à partir de 17 heures. Chloé est sortie du commissariat au bout de trois minutes. Dix auraient suffi pour vérifier les antécédents de l’agresseur qui avait quatorze lignes à son casier judiciaire… dont une condamnation pour violences conjugales.
Cette succession de manquements aux conséquences dramatiques n’a malheureusement rien d’exceptionnel. Il semble en effet que la police reste l’un des bastions de la domination masculine : les femmes victimes n’y sont pas prises au sérieux, voire y subissent la “double peine” d’un accueil sexiste et discriminatoire, comme l’ont montré de nombreux témoignages. Selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes, 18% des femmes victimes de violences physiques ou sexuelles déclarent avoir déposé une plainte en gendarmerie ou en commissariat de police suite à ces violences. Et quand bien même elles y parviennent, 70% des affaires sont classées sans suite. Enfin, Mme la députée tient à le rappeler, une femme meurt sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint tous les trois jours, dans un pays où 23% des hommes entre 25 et 34 ans considèrent qu’il faut être violent pour se faire respecter (Baromètre Sexisme 2023).
Monsieur le Ministre, comment expliquez-vous ce qu’a subi Chloé, alors même que la lutte contre les violences faites aux femmes est censée être la “grande cause” du Président Macron ? Quelles mesures mettez-vous en œuvre, quels moyens, quels contrôles, afin qu’une telle situation ne puisse plus se reproduire ? Quand vous déciderez-vous à former correctement les agents de police, à améliorer le processus de dépôt de plainte, à instaurer des ordonnances de protection sans plainte préalable, à développer massivement l’hébergement d’urgence, à lutter contre la récidive des auteurs de violences ? Au lieu de revoir à la baisse les objectifs du 3919, quand mettrez-vous enfin les 2 milliards que demandent les associations féministes pour lutter contre les violences patriarcales ?