Mardi 20 septembre 2022, j’auditionnais le patron de l’ARCOM sur la concentration des médias et l’illustre exemple de l’empire médiatique Bolloré : Monsieur Maistre, quel est votre ordre de bataille à l’ARCOM dans ce combat civilisationnel que Vincent Bolloré a choisi de mener ?
Merci Madame la Présidente, Monsieur le Président de l’ARCOM,
Chers collègues, savez-vous qui a dit je me sers de mes médias pour mener mon combat civilisationnel ?
Vincent Bolloré, principal actionnaire du groupe Canal+, groupe qui possède Canal+ mais aussi trois chaînes gratuites de la TNT : C8, CNews et CStar.
En 2021, le CSA a pris une seule sanction pécuniaire à l’encontre d’une chaîne ayant méconnu son obligation de ne pas inciter à la haine ni encourager des comportements discriminatoires. Il s’agissait de la chaîne CNews.
Le rapport annuel mentionne aussi trois mises en garde adressées en 2021 à la suite de manquement à leurs obligations en matière d’honnêteté et de rigueur dans le traitement de l’information. Encore une fois, qui était ciblé. CNews.
Incitation à la haine, manquement à la déontologie journalistique, c’est déjà beaucoup, et pourtant, ce n’est pas tout, puisqu’on peut aussi reprocher au groupe et à son principal actionnaire Bolloré un goût particulier pour la censure.
S’il est totalement possible pour Eric Zemmour de tenir des propos discriminants sur son antenne, tout en criant qu’on ne peut plus parler de rien, il fut beaucoup plus compliqué pour Sébastien Thoen, chroniqueur, de pratiquer l’autodérision puisqu’il fut licencié de Canal+ en 2020 pour avoir parodié l’émission L’heure des pros.
Début 2018 déjà. 26 associations, 23 médias et de nombreux journalistes ont publié une tribune pour dénoncer les entraves à la liberté de la presse dont est coutumier le groupe Bolloré. Et les exemples récents de l’éviction du rédacteur en chef de Paris Match, Bruno Jeudy, pour s’être opposé à la publication d’une Une consacrée au cardinal ultraconservateur Robert Sarah, ou encore l’exemple côté édition de la censure subie par Guillaume Meurice pour son livre nous laissent penser que ces questions sont encore d’actualité.
Alors Monsieur Maistre, quel est votre ordre de bataille à l’ARCOM dans ce combat civilisationnel que Vincent Bolloré a décidé de mener ? À vos yeux, les ressorts législatifs existants sont-ils suffisants pour lutter contre la concentration et, de fait, l’expansion de cet empire médiatique à ambition idéologique ?
Je vous remercie.