Madame Sarah Legrain attire l’attention de Monsieur le ministre de la Santé et de la Prévention sur la situation de la gynécologie médicale en France. Alertée par le Comité de Défense de la Gynécologie Médicale, Mme la députée partage le constat préoccupant de l’association. Elle souhaite ainsi valoriser l’engagement de ses bénévoles et espère que cette interpellation permettra de donner suite à leur venue du 14 septembre 2022, qui n’a à ce jour abouti à aucune prise de décision concrète de la part du ministère.
La France compte aujourd’hui 2,1 gynécologues pour 100 000 femmes. En 15 ans, le nombre de praticiens a diminué de 56%, pour atteindre 851 gynécologues contre 1945 en 2007. Cette baisse considérable de praticiens de la santé de la femme touche l’entièreté du territoire. Si bien qu’en 2022, quatorze départements sont totalement dépourvus de gynécologues. Depuis 2003, date de la création du diplôme spécifique de gynécologie médicale, seulement 1000 nouveaux gynécologues sont en exercice ou en cours de formation. Les départs à la retraite se multipliant, la situation devrait même empirer dans les prochaines années : en 2025, 531 seront en activité.
Dans ce contexte d’absolu désert médical s’ajoute l’usage du dépassement d’honoraires. Les gynécologues sont les premiers à le pratiquer (98,2%), devant les gériatres (92,9%) et les neuropsychiatres (73,2%). Ce qui signifie que dans l’hexagone, une consultation coûte 60 euros en moyenne au lieu de 30 euros. Dans la capitale, 5 % des spécialistes facturent 120 euros voire 150 euros à leurs patientes. Les étudiantes et les retraitées seraient les plus touchées par le phénomène, faute de posséder une mutuelle santé adaptée.
Les conséquences sont lourdes pour les patientes. Augmentation de la distance pour consulter, délais interminables, recours aux urgences, où il est parfois malheureusement trop tard pour agir, impossibilité de suivi suite à un cancer… À fortiori, en 2020, 70% des femmes entre 25 et 34 ans ont déjà renoncé à consulter. Elles se privent ainsi d’informations essentielles pour leur santé, et ce à tous les âges. Les plus jeunes sont dépouillées de la possibilité de faire des choix éclairés et sécurisés (analyse des antécédents, prescriptions d’examens, contraception) et d’informations essentielles, notamment sur leur grossesse. Les plus âgées quant à elles, voient leur suivi de ménopause négligé et la détection de cancers toujours plus retardée.
Se soigner n’est pas une option ou un luxe, c’est un droit fondamental inscrit dans la Constitution. Alors Mme la députée s’interroge : ce droit fondamental est-il encore assuré pour les femmes ? Quand est-ce que la gynécologie médicale, médecine spécifique de la moitié de la population, pourra être pleinement accessible à chaque femme tout au long de sa vie ?