Sarah Legrain

Publié le 8 mars 2023
8 mars 2023

Pénurie de gynécologues : se soigner n’est pas une option ou un luxe !

Madame Sarah Legrain attire l’attention de Mon­sieur le ministre de la San­té et de la Pré­ven­tion sur la situa­tion de la gyné­co­lo­gie médi­cale en France. Aler­tée par le Comi­té de Défense de la Gyné­co­lo­gie Médi­cale, Mme la dépu­tée par­tage le constat pré­oc­cu­pant de l’association. Elle sou­haite ain­si valo­ri­ser l’engagement de ses béné­voles et espère que cette inter­pel­la­tion per­met­tra de don­ner suite à leur venue du 14 sep­tembre 2022, qui n’a à ce jour abou­ti à aucune prise de déci­sion concrète de la part du ministère. 

La France compte aujourd’hui 2,1 gyné­co­logues pour 100 000 femmes. En 15 ans, le nombre de pra­ti­ciens a dimi­nué de 56%, pour atteindre 851 gyné­co­logues contre 1945 en 2007. Cette baisse consi­dé­rable de pra­ti­ciens de la san­té de la femme touche l’entièreté du ter­ri­toire. Si bien qu’en 2022, qua­torze dépar­te­ments sont tota­le­ment dépour­vus de gyné­co­logues. Depuis 2003, date de la créa­tion du diplôme spé­ci­fique de gyné­co­lo­gie médi­cale, seule­ment 1000 nou­veaux gyné­co­logues sont en exer­cice ou en cours de for­ma­tion. Les départs à la retraite se mul­ti­pliant, la situa­tion devrait même empi­rer dans les pro­chaines années : en 2025, 531 seront en activité.

Dans ce contexte d’absolu désert médi­cal s’ajoute l’usage du dépas­se­ment d’honoraires. Les gyné­co­logues sont les pre­miers à le pra­ti­quer (98,2%), devant les gériatres (92,9%) et les neu­ro­psy­chiatres (73,2%). Ce qui signi­fie que dans l’hexagone, une consul­ta­tion coûte 60 euros en moyenne au lieu de 30 euros. Dans la capi­tale, 5 % des spé­cia­listes fac­turent 120 euros voire 150 euros à leurs patientes. Les étu­diantes et les retrai­tées seraient les plus tou­chées par le phé­no­mène, faute de pos­sé­der une mutuelle san­té adaptée.

Les consé­quences sont lourdes pour les patientes. Aug­men­ta­tion de la dis­tance pour consul­ter, délais inter­mi­nables, recours aux urgences, où il est par­fois mal­heu­reu­se­ment trop tard pour agir, impos­si­bi­li­té de sui­vi suite à un can­cer… À for­tio­ri, en 2020, 70% des femmes entre 25 et 34 ans ont déjà renon­cé à consul­ter. Elles se privent ain­si d’informations essen­tielles pour leur san­té, et ce à tous les âges. Les plus jeunes sont dépouillées de la pos­si­bi­li­té de faire des choix éclai­rés et sécu­ri­sés (ana­lyse des anté­cé­dents, pres­crip­tions d’examens, contra­cep­tion) et d’informations essen­tielles, notam­ment sur leur gros­sesse. Les plus âgées quant à elles, voient leur sui­vi de méno­pause négli­gé et la détec­tion de can­cers tou­jours plus retardée. 

Se soi­gner n’est pas une option ou un luxe, c’est un droit fon­da­men­tal ins­crit dans la Consti­tu­tion. Alors Mme la dépu­tée s’interroge : ce droit fon­da­men­tal est-il encore assu­ré pour les femmes ? Quand est-ce que la gyné­co­lo­gie médi­cale, méde­cine spé­ci­fique de la moi­tié de la popu­la­tion, pour­ra être plei­ne­ment acces­sible à chaque femme tout au long de sa vie ? 

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