Sarah Legrain

Nouvelle série de féminicides, baisse des moyens, qu’attendez-vous M. Darmanin ?

Mme Sarah Legrain attire l’attention de M. le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer sur l’inaction poli­tique cri­mi­nelle face à la série noire de fémi­ni­cides en France. 

Ce jeu­di 31 août, une qua­dra­gé­naire, fonc­tion­naire de police à Cham­bé­ry, a été tuée. Son ancien mari a été mis en exa­men. Il avait déjà été condam­né en 2020 pour non-res­pect d’une ordon­nance de pro­tec­tion. La vic­time avait dépo­sé plainte récem­ment pour non-paie­ment de la pen­sion ali­men­taire. Il s’agit du 90ème fémi­ni­cide de l’année, mar­quant une funeste et alar­mante série de 8 fémi­ni­cides en 8 jours. 

Or le len­de­main, nous appre­nons que la Fon­da­tion des Femmes lance un fonds d’urgence pour sou­te­nir les asso­cia­tions d’aide aux femmes vic­times de vio­lences, en rai­son d’une baisse de 25% du bud­get de l’État par femme vic­time ! Quatre ans après le Gre­nelle des vio­lences conju­gales, les vio­lences patriar­cales n’ont fait qu’augmenter ; les moyens, dès le départ insuf­fi­sants, deviennent déri­soires face à l’augmentation du nombre de femmes qui se signalent. Les asso­cia­tions sont au bord de la faillite et en sont réduites à lever des fonds pour ne pas fer­mer les places d’hébergement d’urgence, faute de financement. 

Face à ce constat, Mme la dépu­tée cherche en vain une réponse poli­tique de la part de M. le ministre de l’Intérieur. Elle tient à rap­pe­ler qu’assurer la pro­tec­tion de ces femmes et finan­cer ces dis­po­si­tifs d’accompagnement essen­tiels est du res­sort de l’Etat, et ne devrait dépendre de la géné­ro­si­té des par­ti­cu­liers. Dans un pays où une femme meurt tuée par son conjoint ou ex-conjoint tous les trois jours, et où le Pré­sident a décré­té que la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes était une “cause natio­nale”, le gou­ver­ne­ment devrait tout mettre en œuvre pour l’éradication des féminicides. 

Nous connais­sons les méca­nismes à l’œuvre dans ces crimes, qui font suite à des vio­lences phy­siques et psy­cho­lo­giques répé­tées par les conjoints ou ex-conjoints des vic­times. Pour­tant, le nombre de fémi­ni­cides ne dimi­nue pas, les femmes sou­hai­tant por­ter plainte sont tou­jours vic­times de la “double peine” et les plaintes des vic­times ne leur per­mettent pas d’être pro­té­gées, 70% des affaires de vio­lences phy­siques ou sexuelles étant clas­sées sans suite. 

Mon­sieur le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, quand vous déci­de­rez-vous à déployer dans tous les com­mis­sa­riats et gen­dar­me­ries des cel­lules dédiées au trai­te­ment des vio­lences sexistes et sexuelles (VSS), à for­mer cor­rec­te­ment les agents de police, à amé­lio­rer le pro­ces­sus de dépôt de plainte, à ins­tau­rer des ordon­nances de pro­tec­tion sans plainte préa­lable et à lut­ter contre la réci­dive des auteurs de vio­lences ? À l’occasion du Pro­jet de Loi de Finances 2024, le gou­ver­ne­ment alloue­ra-t-il enfin les 2 mil­liards d’eu­ros que demandent les asso­cia­tions fémi­nistes pour lut­ter contre ces vio­lences patriar­cales, rou­vrir les places d’hé­ber­ge­ment d’urgence qui ont été fer­mées et en déve­lop­per mas­si­ve­ment de nou­velles ? Ou fau­dra-t-il encore déplo­rer de nou­velles séries de fémi­ni­cides avant de vous voir réagir ?

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