Sarah Legrain

Consommation de drogues sur la voie publique dans le 19e arrondissement de Paris

J’in­ter­roge M. le ministre de la san­té et de la pré­ven­tion sur la situa­tion inte­nable liée à la consom­ma­tion de drogues sur la voie publique dans la 16e cir­cons­crip­tion de Paris.

Le 5 octobre 2022, le cam­pe­ment d’u­sa­gers de drogues situé au square For­ce­val était déman­te­lé. À l’é­poque, rive­rains, asso­cia­tions, pro­fes­sion­nels de san­té insis­taient sur la néces­si­té d’ac­com­pa­gner ce déman­tè­le­ment d’un plan consé­quent impli­quant la prise en charge sani­taire et sociale.

J’ai eu le regret de consta­ter que cet appel n’a pas été enten­du. La for­ma­tion de nou­velles scènes de consom­ma­tion à ciel ouvert dans le Nord-Est pari­sien est lar­ge­ment consta­tée, les alertes de mise en dan­ger et les épi­sodes de vio­lences se mul­ti­plient sur l’en­semble du territoire.

Il y a un mois à peine, un usa­ger de drogues a été bat­tu à mort Porte de la Cha­pelle. Les rive­rains alertent sur les atteintes à leur cadre de vie et à leur sécu­ri­té, notam­ment autour de scènes de consom­ma­tion au sein du quar­tier Rosa Parks. Les nui­sances visuelles et sonores sont leur quo­ti­dien et ils constatent une recru­des­cence des agres­sions. Des enfants passent tous les jours devant ces scènes de consom­ma­tion. Récem­ment une fillette a dû être emme­née à l’hô­pi­tal après s’être mal­en­con­treu­se­ment piquée avec une seringue dans une aire de jeux. La concierge d’une école située bou­le­vard Mac­do­nald ramasse tous les matins les seringues lais­sées aux alen­tours de l’école.

Le col­lec­tif de rive­rains que j’ai ren­con­tré, se dit à bout et insiste sur la néces­si­té d’ap­por­ter des solu­tions glo­bales et pérennes à ce phé­no­mène cyclique qui dure depuis des années. La pré­fec­ture de police se féli­cite de mobi­li­ser tous les jours entre 100 et 600 per­sonnes mais je m’in­ter­roge sur la per­ti­nence et l’ef­fi­ca­ci­té d’une poli­tique dés­équi­li­brée, fon­dée sur des mesures répres­sives peu effec­tives au détri­ment du sani­taire et social pour­tant essen­tiels. Les mil­lions d’eu­ros dépen­sés en pré­sence poli­cière le seront à fonds per­dus, tant que les dis­po­si­tifs de pré­ven­tion et d’ac­com­pa­gne­ment sani­taire et social ne seront pas à la hau­teur des besoins, comme cela est cen­sé être pré­vu par la mis­sion inter­mi­nis­té­rielle, la MILDECA. De nom­breuses asso­cia­tions s’in­quiètent éga­le­ment de l’é­vo­lu­tion de la méthode de travail.

Mal­gré les appels répé­tés de leur part, elle ne tend pas vers une large concer­ta­tion préa­lable pour­tant indis­pen­sable à l’é­la­bo­ra­tion et à la réus­site des poli­tiques publiques. En effet, force est de consta­ter que le déploie­ment des poli­tiques médi­co-sociales est bien loin des demandes faites par les acteurs concer­nés : lieux de repos, haltes soins addic­tion, offre d’hé­ber­ge­ment et de loge­ment, prise en charge psy­chia­trique, recru­te­ment de per­son­nel médi­co-social (impli­quant une reva­lo­ri­sa­tion salariale).

J’es­père vive­ment que M. le ministre enten­dra cet appel, ou du moins four­ni­ra des réponses aux nom­breuses inter­pel­la­tions dont celle-ci, contrai­re­ment à son pré­dé­ces­seur, qui s’é­tait illus­tré par un silence total en la matière. Mme la dépu­tée espère qu’il ne fau­dra pas encore déplo­rer d’autres drames avant de le voir réagir pour mettre un terme à la situa­tion de la consom­ma­tion de drogues dans le Nord-Est parisien.

Dans quelques semaines, la dis­cus­sion sur le pro­jet de loi de finan­ce­ment de la sécu­ri­té sociale à l’As­sem­blée natio­nale sera une nou­velle occa­sion d’ap­por­ter les moyens néces­saires à la réso­lu­tion de cette situa­tion qui dure depuis plu­sieurs décen­nies. Est-il pré­vu d’al­louer les fonds néces­saires pour que des solu­tions dignes soient appor­tées aux usa­gers de drogues, rive­rains et pro­fes­sion­nels concer­nés, quand les rive­rains, asso­cia­tions et pro­fes­sion­nels de san­té seront enfin écou­tés et quand une poli­tique glo­bale de moyen et long terme de prise en charge médi­co-sociale des usa­gers de drogues sera enfin mise en place.

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